Pour le smartbuilding, les clients veulent un écosystème complet.
Les universités d’été 2018 de la Smart Buildings Alliance se sont tenues début septembre à Lyon. Philippe Bonduelle, le patron de Decelect, y était avec son équipe pour présenter les solutions Ubiwizz. Il nous livre son analyse, sa vision du marché et ses projets.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué lors de ces universités d’été de la Smart Buildings Alliance ?
J’ai d’abord été marqué par le nombre de visiteurs témoignant leur intérêt pour le Smart Building et la Smart Home, il y a eu plus de 800 personnes. Les ateliers et les conférences ont beaucoup mobilisé les visiteurs. Tous sont également venus nous voir sur notre stand, qui n’a pas désempli durant les deux jours.
J’ai également constaté que de nombreux industriels exposaient, ce qui n’était pas le cas auparavant. Tous les grands acteurs étaient présents : Legrand, Hager, Schneider, SFR, ABB, NodOn, Ubiant, Vimar… Beaucoup n’étaient pas là l’année dernière.
Votre solution intéresse-t-elle autant le tertiaire que la partie Smart Home ?
Elle intéresse de plus en plus le tertiaire. On voit les industriels commencer à visiter ce genre de salon, à regarder les solutions radio. Les prospects qui sont venus sur notre stand ont tous des projets dans les tiroirs. Suite au salon, nous avons eu des demandes de devis.
Y a-t-il des attentes particulières pour les bâtiments connectés ou est-ce juste devenu la nouvelle norme ?
Il y a sans doute un peu des deux. Les attentes particulières, c’est d’abord d’éviter de câbler. Par exemple, parmi les clients qui sont venus pour avoir des boutons radio d’urgence, la plupart intervenaient sur de la rénovation, pour éviter de passer des fils, pour communiquer facilement en radio. C’est la partie la plus facile. On sent en tout cas qu’il n’y a plus de grande inquiétude concernant la sécurité ; il y a encore des questions, bien sûr, mais beaucoup moins.
En revanche, parmi les attentes du marché, beaucoup sont à la recherche d’installateurs qualifiés. Tous les contacts que j’ai rencontrés sur le salon demandaient s’il y avait des installateurs qualifiés dans leur région. Ça manque, aujourd’hui.
D’où le programme de certification et de formation qui va naître chez Ubiwizz…
Absolument. On peut aussi s’appuyer sur la certification « Intégrateur Smart Home de confiance » de la FFD (Fédération française de domotique) et de l’AFNOR. Pour l’instant, il y a encore très peu d’inscrits… Je pense qu’aujourd’hui, ce sont les industriels, les promoteurs, les bailleurs sociaux qui sont demandeurs. On sent que les installateurs et les électriciens sont à la peine, ils ont du mal à « y aller ». Les intégrateurs, eux, y vont, mais ils ne souhaitent pas de choses trop simples : ils veulent piloter la solution à distance, avoir toujours la main… Alors qu’aujourd’hui, le but est d’ouvrir le marché, d’avoir du plug and play. Il faut que les intégrateurs soient en phase avec ce niveau de demande, et que les électriciens montent en compétence.
Quel argument peut faire basculer le client vers telle ou telle solution ?
Clairement, ce que recherchent les clients, ce sont des écosystèmes complets. On a fait par exemple un totem pour SFR, où l’on a intégré la box Numericable dans notre colonne, et ça a fait un tabac. Sur le salon, le stand SFR est sans doute celui qui a reçu le plus de monde. Et tous ceux qui passaient chez SFR venaient nous voir ensuite. Les personnes intéressées étaient surtout des promoteurs, et quelques bailleurs sociaux, parce qu’ils voyaient l’intérêt de proposer dans leurs services la partie Internet, en fibre ou en cuivre, selon le lieu. On a ainsi le lien Decelect-Ubiwizz entre l’IP et les objets connectés.
Pour qu’une solution soit complète, encore faut-il une appli simple et efficace pour la piloter.
Bien sûr, mais on doit distinguer l’appli de l’installateur de celle de l’utilisateur final. Il faut une appli pour que l’installateur puisse déployer ses produits, avec un accès distant. Il faut aussi un accès administrateur, pour le promoteur, le bailleur social, le constructeur. Et après, il faut aussi une appli end user adaptée à la clientèle. Le bailleur social dira, par exemple, « je veux juste la lumière et le chauffage ». Il faut adapter l’appli, pour en faire une appli à tiroirs, pour passer de la solution administrateur à l’intégrateur, l’installateur électricien, l’end user… Il faut s’adapter, sinon c’est trop compliqué. On doit adapter sans arrêt sa solution et être très agile.
Quelles sont les évolutions chez Ubiwizz en termes de protocoles ?
Il y a pas mal de nouvelles solutions qui arrivent, autour du BLE (Bluetooth Low Energy), du ZigBee ouvert, de LoRa… Le BLE pour l’éclairage, ce sont des modules BLE que l’on va pouvoir intégrer directement dans notre passerelle ou dans notre interrupteur, et commander des ampoules BLE directement, sans être obligé de mettre des modules EnOcean ou Z-Wave ou autre, qui coûtent cher. Une ampoule vaut 8 euros. Notre stratégie consiste à nous ouvrir à tous les protocoles, ils arrivent en fin d’année chez nous. L’écosystème Ubiwizz s’appuie aujourd’hui sur EnOcean, mais à l’avenir, en fonction de leurs besoins, nos clients pourront tout gérer avec le même protocole ou interfacer différents protocoles. Nous voulons proposer des solutions locales et à distance